12 JAGUAR sur AL JABER

Décollage vers Al Jaber

Avec une pensée particulière au Géneral Mansion qui nous a quittés cette année.

Trentième anniversaire du raid du 17 janvier 1991 sur AL JABER

Le 17 janvier prochain sera l’occasion de commémorer les trente ans du 1erraid de la guerre du golfe mené par les avions français. Un anniversaire très particulier pour les pilotes du raid puisque le premier d’entre eux, SCHNAPY s’est définitivement envolé cette année…JUPITER 01 ne sera pas présent…

L’occasion pour AirXP de raconter l’histoire de ce premier raid…

Le récit est tiré de nombreux témoignages des pilotes du raid que l’on trouve sur internet. Un exemple sur l’excellent site de la 11èmeEscadre de Chasse : www.pilote-chasse-11ec.com

Ou encore dans le non moins excellent livre d’Alain Mahagne (l’un des pilotes du raid) : « Jaguar sur Al Jaber »

Le contexte :

Le 2 aout 1990, l’Irak envahit brutalement le Koweit. Saddam Hussein, le leader Irakien accuse le petit émirat de pratiquer des forages obliques afin de prendre le pétrole du sous-sol Irakien. Il faut dire qu’il a aussi beaucoup de mal à rembourser un énorme prêt consenti par le Koweit pour aider l’Irak dans sa guerre contre l’Iran.

Quelques heures suffisent pour que les troupes irakiennes prennent le contrôle de la totalité du territoire koweitien.

Le 6 aout, inquiets de la menace qui plane désormais sur l’Arabie Saoudite, les Etats-unis déclenchent l’opération DESERT SHIELD et envoient des troupes se positionner en face les soldats irakiens. Un ultimatum se terminant le 15 janvier menace les irakiens s’ils ne se retirent pas du Koweit. Saddam s’obstine.

Le 17 janvier, l’opération DESERT STORM est déclenchée.

Les avions français sont intégrés aux opérations…mais des raisons politiques ont limité l’intervention initiale des forces françaises au seul territoire koweitien. Cependant, dès le premier jour la première mission française de la guerre du golfe va décoller.

La mission : 

L’objectif de la mission est de chercher et détruire des installations sur la base koweitienne d’Al Jaber. Les irakiens sont soupçonnés d’y avoir installé des batteries de missiles SCUD. Il faut donc tenter de détruire les bâtiments qui pourraient abriter ses missiles meurtriers et empêcher les irakiens de les déplacer. Le choix des armements se porte donc sur de la bombe de 250 KG freinée pour endommager les bâtiments et des « Cluster Bomb » BELOUGA d’interdiction de zone (les BELOUGA sont remplies de grenades qui sont disséminées au sol et explosent aléatoirement…ce qui empêche de revenir sur zone après l’attaque).

Photo SIRPA : La base d’AL JABER

L’attaque se fera en très basse altitude…cela donne le meilleur effet de surprise, empêche la détection par les radars ennemis, c’est indispensable pour les armements choisis…et c’est ce que l’on sait faire ! Ce premier jour, quelques raids américains, les anglais et les français pénètreront en très basse altitude, le reste des avions américains misant sur le succès des attaques des « wild weasel » pour détruire les installations terrestres de détection, de communications et les capacités Sol/Air irakiennes ainsi que sur une grosse présence d’avions de supériorité aérienne pour prendre en charge toute tentative d’engagement par la chasse ennemie. Restant en haute et moyenne altitude, ils échappent ainsi à toutes les armes de petits calibres et aux missiles SOL/AIR de très courte portée.

2 patrouilles de 6 jaguars sont prévues : Indicatif Jupiter 01 à 06 pour la première patrouille, Jupiter 11 à 16 pour la seconde

3 C135 de ravitaillement en vol sont également de la partie pour que les JAG entrent en Irak avec le plus de pétrole possible.

L’état d’esprit des pilotes :

La mission est tombée, elle est connue, la seule incertitude, c’est le jour et l’heure. Tout a été préparé dans le calme. 

Les pilotes cachent leur angoisse en affichant un professionnalisme sans faille. Pourtant, il y a de quoi se poser des questions : C’est la première fois pour ces pilotes qu’ils vont affronter une vraie armée. 

L’entraînement des pilotes, leur formation de base, c’était la guerre totale en cas d’attaque de l’Union Soviétique. Autant mourir dans son avion qu’en restant bêtement au sol ! Tout le monde pensait qu’un éventuel conflit en Europe ne durerait pas… La guerre nucléaire n’a qu’un avantage, elle est courte et radicale.

Pourtant, la plupart des pilotes du premier raid affichent quelques missions de guerre à leur actif…mais dans un cadre tout à fait différent. L’Afrique, notamment. L’ennemi y est peu armé, il ne s’agit pas de conflits ouverts…des escarmouches en environnement franco-français. 

Ici, c’est du solide en face, des soldats aguerris par des années de guerre contre l’Iran et du matériel récent. C’est en tout cas ce qu’on croit à ce moment-là…personne ne sait encore que l’Irak va s’effondrer en quelques jours. 

Les procédures elles-mêmes sont anxiogènes…que faire en cas d’éjection en territoire hostile ? Comment se cacher ?  comment se faire récupérer par la C-SAR américaine ? Quelle réaction avoir en cas de capture ? quelles sont les probables réactions des troupes irakiennes lorsqu’elles font un prisonnier ? Toutes ces questions sont les sujets de briefings au cours desquels le pire est envisagé…et le pire, il n’est pas confortable de s’y confronter !

C’est donc en envisageant le pire que les pilotes préparent leur mission…fiers d’être « dans le coup » mais avec de sales pensées en tête…et pas question de se dégonfler devant ses pairs ! Les sinistres pensées, on les repousse dans un coin et on pense à la mission. 

Trouver le sommeil est une gageure. Heureusement, les troupes irakiennes vont se charger de faire oublier leur insomnie aux pilotes ! Les alarmes SCUD se succèdent en effet dans la nuit, écourtant l’instant où chacun se retrouve seul dans son lit, face à ces craintes, aux images de la famille qui s’inquiète en France. La nuit se passe donc à enfiler masque à gaz et tenue T3P (censée protéger d’une attaque au gaz que Saddam Hussein est soupçonné avoir déjà utilisé)

Dans la nuit, les pilotes sont appelés pour le briefing…le chef (SCHNAPPY, le leader) arrive de Ryad avec les dernières consignes…

Photo SIRPA : Briefing avant l’attaque d’Al Jaber : tout le monde est très concentré

Le travail est réparti entre les équipiers de la patrouille. Certains mettent à jour la météo, les différents points de navigation à insérer dans le navigateur, un autre actualise certains mots code qui changeaient quotidiennement. Le chef arrive : « ça devrait bien se passer » il a passé une partie de la nuit à coordonner l’attaque avec les F16 américians qui doivent détruire la piste juste avant le passage des Jag.

6H30, après un dernier briefing, c’est parti !

Le leader avoue se rendre à l’avion assez nerveux et ferme rapidement sa verrière comme on le lui a conseillé. En effet, le pilote, une fois seul dans son cockpit n’a plus d’interactions avec les équipes au sol, plus d’autre bruit que ceux familiers de son appareil…il se met dans sa bulle et dans la mission dans un environnement amical et connu.

…à suivre…

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Le T-shirt AirXP de la première mission

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